Kyoto, métropole culturelle du Japon, où un célèbre adage dit : « Jette une pierre au hasard, et tu touches un professeur. » Mais en regardant la fresque réalisée par l’artiste JR, il se pourrait que cette pierre frappe bien plus largement. On y voit geikos, maîtres du thé, artisans, drag queens, musiciens, écoliers, politiques…, autant de visages, d’histoires et de destins qui, ensemble, forment le portrait vivant et vibrant de cette ville en constante effervescence.
Deux femmes échangent à la terrasse d’un café à Paris. Des parentes ? À première vue non. L’une parle, avec entrain, tandis que l’autre écoute et feuillette des papiers. Une certaine intensité est palpable. Un livre est posé sur la table. Beauté de la France, et de ses cafés.
C’est ainsi que j’imagine la rencontre entre Annie Ernaux et Lou Stoppard, et le moment où la dernière exposa son projet de collaboration à la première. Un échange inattendu, réjouissant et émouvant, comme le dira elle-même Annie Ernaux ; qui, à 83 ans continue de voir la nouvelle génération s’emparer de son œuvre en proposant un regard neuf et rafraichissant dessus.
Car oui, si on ne présente plus Annie Ernaux, figure majeure de la littérature, nobelisée en 2022, on peut s’étonner de voir son nom à l’affiche d’une exposition à la Maison Européenne de la Photographie (MEP).
Deux femmes échangent à la terrasse d’un café à Paris. Des parentes ? À première vue non. L’une parle, avec entrain, tandis que l’autre écoute et feuillette des papiers. Une certaine intensité est palpable. Un livre est posé sur la table. Beauté de la France, et de ses cafés.
C’est ainsi que j’imagine la rencontre entre Annie Ernaux et Lou Stoppard, et le moment où la dernière exposa son projet de collaboration à la première. Un échange inattendu, réjouissant et émouvant, comme le dira elle-même Annie Ernaux ; qui, à 83 ans continue de voir la nouvelle génération s’emparer de son œuvre en proposant un regard neuf et rafraichissant dessus.
Car oui, si on ne présente plus Annie Ernaux, figure majeure de la littérature, nobelisée en 2022, on peut s’étonner de voir son nom à l’affiche d’une exposition à la Maison Européenne de la Photographie (MEP).
JR le reconnait, « c’est une ville à côté de laquelle je suis longtemps passé. » Alors quoi de mieux pour y remédier que d’en faire le nouveau théâtre de sa célèbre série ‘Chroniques’, qu’il mène depuis presque dix ans ? De Clichy-Montfermeil à Miami, en passant par New York, San Francisco et La Havane ces projets sont à chaque fois « une occasion extraordinaire de découvrir la ville de façon intime, au contact de ses gens. » Car pendant plusieurs semaines, JR et ses équipes installent des studios de photo mobiles à plusieurs endroits clefs. Ici, grâce au soutien de Kyotographie, ils ont sélectionné huit endroits différents, de son coeur vrombissant qu’est la gare, à ses recoins plus secrets et ses extrémités boisées.
Une période d’obsession et de profusion pour cette artiste qui a réalisé plus de 5 000 clichés de ce lieu et de ceux qui le pratiquent. Parmi cette abondance d’images, plus de 150 ont été choisies pour l’exposition. Celle-ci se tient au Bal, qui a activement soutenu ce projet en lui attribuant le prix de la Jeune Création le Bal/ADAGP en 2021, et qui dévoile ce travail au long court, du 7 mars au 19 mai.
Une période d’obsession et de profusion pour cette artiste qui a réalisé plus de 5 000 clichés de ce lieu et de ceux qui le pratiquent. Parmi cette abondance d’images, plus de 150 ont été choisies pour l’exposition. Celle-ci se tient au Bal, qui a activement soutenu ce projet en lui attribuant le prix de la Jeune Création le Bal/ADAGP en 2021, et qui dévoile ce travail au long court, du 7 mars au 19 mai.
Une à une, chacune de ces 505 personnes, a été immortalisée sur fond vert, en respectant à chaque fois la façon dont elle souhaitait être représentée. Marchant, chantant, levant les bras, ou bien simplement contemplant. Chaque portrait a ensuite été intégré dans un collage géant. Les figures ainsi imprimées, découpées, créent des interactions inattendues, comme celle du maire conversant avec des inconnus. L’arrière-plan, un collage d’éléments architecturaux de Kyoto, lie les spectateurs à la ville et à ses multiples facettes, passées et modernes. Le résultat s’affiche sur la façade extérieure de la gare, un mur monumental de 22,55 mètres par 5.
Que l’oeuvre soit présentée dans ce point névralgique de cette ville mondiale dépourvue d’aéroport, n’a pas été choisie au hasard par JR : « Elle symbolise la porte d'entrée de Kyoto, là où le voyage commence. » C’est aussi un lieu de brassage, où les milieux sociaux se croisent dans un flux ininterrompu. Chaque jour, ce sont plus de 700 000 voyageurs qui y transitent — autant de regards susceptibles de se poser sur cette immense fresque, sorte de « Où est Charlie » collectif et enthousiasmant. Sauf qu’ici, il ne s’agit pas de trouver une personne en particulier, mais bien d’observer une silhouette après l’autre, pour tenter de saisir quelque chose de l’âme de la ville.
Comme le disait Paul Klee, « L’art ne reproduit pas le réel, il rend visible. » C’est précisément ce que cherche à accomplir cet artiste protéiforme, qui utilise la photographie à grande échelle pour mettre en lumière des communautés, souvent négligées, et ainsi susciter si ce n’est le dialogue, l’intérêt ou la réflexion. On pense à ses réalisation dans les favelas du Brésil, à la frontière entre la Palestine et Israël, ou plus près de Kyoto encore, dans la région du Tohoku, frappée en 2011 par un séisme et un tsunami dévastateurs. Là, il avait déployé en grand format des portraits de personnes touchées.
En parallèle, le travail du photographe est également exposé à The Kyoto Shibun, ancienne imprimerie de journaux. On est alors plongé dans le monde de ses ‘Chroniques’, et le travail minutieux derrière celles-ci. Une expérience immersive d’autant plus que la deuxième partie de l’exposition nous mène dans un immense hangar, où les photographies de personnes choisies sont collées sur d’immense colonnes et s’éclairent au fur et à mesure que leurs récits se racontent… en japonais mais on peut les retrouver aisément sur un site dédié en anglais. Une belle surprise alors que de voir cette fresque visuelle s’enrichir d’une dimension sonore, rendant ce travail d’autant plus riche et sensible.
Humanité, tel est le thème de Kyotographie cette année. « Nous espérons que grâce au pouvoir de la photographie, notre recherche commune de ce que signifie être humain nous aidera à mieux comprendre les autres et nous offrira l’occasion de partager ce que nous devrions faire dans ce monde chaotique. » écrivent Lucille Reyboz et Yusuke Nakanishi, co-créateurs et co-directeurs du festival. Un très bon choix alors, que d’avoir sélectionné ce projet comme emblème de cette treizième édition.