March 10, 2024
Juergen, by Juergen Teller
March 10, 2024
Juergen, by Juergen Teller
Text written by
© Marine Aubenas
Text written by
© Marine Aubenas
Juergen Teller
I need to live
Juergen Teller
I need to live
Grand Palais Ephémère
Paris
Grand Palais Ephémère
Paris
December 16, 2023
January 9, 2024
December 16, 2023
January 9, 2024
“Tu sais, Juergen,
un jour tu auras une exposition au Grand Palais”
“Ne sois pas stupide, c’est ridicule”
“Tu sais, Juergen, un jour tu auras une exposition au Grand Palais”
“Ne sois pas stupide, c’est ridicule”
“Tu sais, Juergen,
un jour tu auras une exposition au Grand Palais”
“Ne sois pas stupide, c’est ridicule”
C’est par ces paroles prémonitoires, celles de sa femme Dovile Drizyte que s’ouvre la plus grande exposition alors jamais consacrée à l’œuvre de Juergen Teller, photographe allemand hors-norme qui a marqué, pour le meilleur et pour certains, le pire, la photographie de notre siècle.
C’est par ces paroles prémonitoires, celles de sa femme Dovile Drizyte que s’ouvre la plus grande exposition alors jamais consacrée à l’œuvre de Juergen Teller, photographe allemand hors-norme qui a marqué, pour le meilleur et pour certains, le pire, la photographie de notre siècle.
Le fil rouge, ou plutôt rose – couleur fétiche de l’artiste que l’on retrouve par touches choisies tout au long du parcours – est sa vie. Car celle-ci et son œuvre sont inexorablement liées, se nourrissant mutuellement l’une de l’autre. Un rose donc, mais pas n’importe lequel, un rose pétard. Un rose qui claque, qui étonne, qui détonne, car si on découvre le côté doux et sensible de l’artiste, sa relation avec sa famille, on célèbre aussi son autodérision, ses points de vue décalés et son humour grisant. « I need to live », c’est le nom donné à cette exposition, et c’est surtout la philosophie de Juergen, une énergie débordante qu’il nous partage ici généreusement dans cet album grandeur nature, une sorte d’immersion impromptue et décomplexée dans la galerie de photos de son iphone ; son outil de travail privilégié dont est d’ailleurs tiré nombre de ses photos présentées ici.
Car oui, on est frappé par cet esthétisme de l’amateurisme. Peu importe la motivation du cliché, et le sujet représenté, que cela soit Kate Moss ou sa mère, Yves Saint-Laurent ou lui-même, un shooting de marque ou un voyage en Iran ; il réussit à garder le même regard simple et authentique sur les choses et les gens, et ainsi à bousculer les codes pré-établis de l’art pour revenir à l’essentiel, les hommes, la vie et sa trivialité.Le look vestimentaire très travaillé des visiteurs – qui nous donne davantage l’impression d’être dans les coulisses d’un défilé – nous rappelle que Juergen, c’est d’abord la mode. Mais une mode naturelle, loin des artifices et des attendus ; une mode qui se met en scène, provocante et délicieuse ; Vivianne Westwood posant nue à 71 ans, des jambes longilignes en simple collant siglé YSL, Victoria Beckham dans un sac Marc Jacob XXL. Un regard nouveau sur ce monde feutré qui plait autant qu’il dérange, et qui est devenu aujourd’hui un label suprême. « Photographed by Juergen Teller ». Gage de réussite et d’irrévérence pour les marques ; une véritable prouesse pour ce photographe qui a réussi à imposer son statut d’artiste-auteur à part entière, le propulsant aujourd’hui au même niveau d’iconicité que ceux même qu’il photographie.
Le fil rouge, ou plutôt rose – couleur fétiche de l’artiste que l’on retrouve par touches choisies tout au long du parcours – est sa vie. Car celle-ci et son œuvre sont inexorablement liées, se nourrissant mutuellement l’une de l’autre. Un rose donc, mais pas n’importe lequel, un rose pétard. Un rose qui claque, qui étonne, qui détonne, car si on découvre le côté doux et sensible de l’artiste, sa relation avec sa famille, on célèbre aussi son autodérision, ses points de vue décalés et son humour grisant. « I need to live », c’est le nom donné à cette exposition, et c’est surtout la philosophie de Juergen, une énergie débordante qu’il nous partage ici généreusement dans cet album grandeur nature, une sorte d’immersion impromptue et décomplexée dans la galerie de photos de son iphone ; son outil de travail privilégié dont est d’ailleurs tiré nombre de ses photos présentées ici.
Car oui, on est frappé par cet esthétisme de l’amateurisme. Peu importe la motivation du cliché, et le sujet représenté, que cela soit Kate Moss ou sa mère, Yves Saint-Laurent ou lui-même, un shooting de marque ou un voyage en Iran ; il réussit à garder le même regard simple et authentique sur les choses et les gens, et ainsi à bousculer les codes pré-établis de l’art pour revenir à l’essentiel, les hommes, la vie et sa trivialité.Le look vestimentaire très travaillé des visiteurs – qui nous donne davantage l’impression d’être dans les coulisses d’un défilé – nous rappelle que Juergen, c’est d’abord la mode. Mais une mode naturelle, loin des artifices et des attendus ; une mode qui se met en scène, provocante et délicieuse ; Vivianne Westwood posant nue à 71 ans, des jambes longilignes en simple collant siglé YSL, Victoria Beckham dans un sac Marc Jacob XXL. Un regard nouveau sur ce monde feutré qui plait autant qu’il dérange, et qui est devenu aujourd’hui un label suprême. « Photographed by Juergen Teller ». Gage de réussite et d’irrévérence pour les marques ; une véritable prouesse pour ce photographe qui a réussi à imposer son statut d’artiste-auteur à part entière, le propulsant aujourd’hui au même niveau d’iconicité que ceux même qu’il photographie.
Un style, un nom, mais Juergen Teller c’est aussi une omniprésence qui fait de lui une référence culturelle majeure de notre siècle. Impossible d’avoir posé les yeux sur une de ses œuvres et de ne pas s’en souvenir, ses autoportraits délirants, ses acrobaties extravagantes, nu sur le piano de Charlotte Rampling, ou dernièrement sa campagne pour Loewe avec le choix comme égérie de Maggie Smith, 88 ans. Regard espiègle, sourire en coin, cheveux gris, rides apparentes. Voilà un regard rafraichissant posé sur les femmes.
De magazines de mode, à revues d’art, journaux, affichages publics, galeries, et musées, sans oublier internet, son œuvre circule, s’expose massivement, et ce faisant est commentée et bien souvent critiquée. Taquin, il se joue de ces réactions et exposent lui-même les railleries dont il est la cible. En témoignent des captures d’écran de tweets critiques de sa série sur les acteurs pressentis aux Oscars produite pour le magazine W en 2021, qui font même l’objet d’un livre sobrement intitulé « Notes about my work ».
Un style, un nom, mais Juergen Teller c’est aussi une omniprésence qui fait de lui une référence culturelle majeure de notre siècle. Impossible d’avoir posé les yeux sur une de ses œuvres et de ne pas s’en souvenir, ses autoportraits délirants, ses acrobaties extravagantes, nu sur le piano de Charlotte Rampling, ou dernièrement sa campagne pour Loewe avec le choix comme égérie de Maggie Smith, 88 ans. Regard espiègle, sourire en coin, cheveux gris, rides apparentes. Voilà un regard rafraichissant posé sur les femmes.
De magazines de mode, à revues d’art, journaux, affichages publics, galeries, et musées, sans oublier internet, son œuvre circule, s’expose massivement, et ce faisant est commentée et bien souvent critiquée. Taquin, il se joue de ces réactions et exposent lui-même les railleries dont il est la cible. En témoignent des captures d’écran de tweets critiques de sa série sur les acteurs pressentis aux Oscars produite pour le magazine W en 2021, qui font même l’objet d’un livre sobrement intitulé « Notes about my work ».
Dans un ouvrage réalisé avec The Anonymous Project, Martin Parr écrit « il y a trop d’images prétentieuses aujourd’hui […] une image doit venir du fond du cœur », et c’est indéniablement ce que l’on ressent en traversant le palais de Juergen ; une approche vraie, originale, parfois absurde, toujours sincère.
Dans un ouvrage réalisé avec The Anonymous Project, Martin Parr écrit « il y a trop d’images prétentieuses aujourd’hui […] une image doit venir du fond du cœur », et c’est indéniablement ce que l’on ressent en traversant le palais de Juergen ; une approche vraie, originale, parfois absurde, toujours sincère.
L’exposition se clôt par une série qui montre sa fille Iggy, encore nourrisson, dans des mises en scène reprenant ses photographies les plus iconiques. Car après avoir été examiné, ici, et partout, c’est finalement lui, qui clôt le bal avec son propre regard, amusé, sur la sienne. La boucle est bouclée.
Teller. Un nom bien porté par cet homme qui, plus qu’un photographe est un conteur hors-pair, lui qui aime distraire, amuser, étonner ; et qui, aux attentifs, réussit à transmettre… sa fureur de vivre.
L’exposition se clôt par une série qui montre sa fille Iggy, encore nourrisson, dans des mises en scène reprenant ses photographies les plus iconiques. Car après avoir été examiné, ici, et partout, c’est finalement lui, qui clôt le bal avec son propre regard, amusé, sur la sienne. La boucle est bouclée.
Teller. Un nom bien porté par cet homme qui, plus qu’un photographe est un conteur hors-pair, lui qui aime distraire, amuser, étonner ; et qui, aux attentifs, réussit à transmettre… sa fureur de vivre.