March 11, 2024

Amen Hedel

March 11, 2024

The Anonymous Project à la Samaritaine pour "Paris-Venise en tête à tête"

Text written by
© Marine Aubenas

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© Marine Aubenas

Images © Yannig Hedel
Courtesy of Gallery Bigaignon

Images © Yannig Hedel
Courtesy of Gallery Bigaignon

Yannig Hedel
De prime Abord

Yannig Hedel
De prime Abord

January 25
March 9, 2024

January 25
March 9, 2024

Poussez les portes noires, et c’est une expérience spirituelle et transcendante, qui vous attend au 18 rue du Bourg Thibourg, dans le Marais à Paris. Nous sommes chez Bigaignon, galerie dédiée à la photographie, et plus largement à l’art contemporain photosensible, qui présente du 25 janvier au 9 mars, les premières œuvres de Yannig Hedel, pape de la photographie argentique.

Poussez les portes noires, et c’est une expérience spirituelle et transcendante, qui vous attend au 18 rue du Bourg Thibourg, dans le Marais à Paris. Nous sommes chez Bigaignon, galerie dédiée à la photographie, et plus largement à l’art contemporain photosensible, qui présente du 25 janvier au 9 mars, les premières œuvres de Yannig Hedel, pape de la photographie argentique.

Cadres blancs sur murs blancs, une vingtaine de tirages d’époque ornent les murs immaculés de la galerie ; une sorte de nef ultra-contemporaine, surplombée d’une verrière qui diffuse une lumière douce sur cet ensemble graphique. Au fond de la salle principale, façon Tadao Ando, une composition de l’artiste de treize tirages forme une grande croix. Sur chacun d’entre eux, même cadrage, même mur, seule la progression de la lumière diffère et témoigne de l’avancée du jour. « De labor solis », du travail du soleil.

Cadres blancs sur murs blancs, une vingtaine de tirages d’époque ornent les murs immaculés de la galerie ; une sorte de nef ultra-contemporaine, surplombée d’une verrière qui diffuse une lumière douce sur cet ensemble graphique. Au fond de la salle principale, façon Tadao Ando, une composition de l’artiste de treize tirages forme une grande croix. Sur chacun d’entre eux, même cadrage, même mur, seule la progression de la lumière diffère et témoigne de l’avancée du jour. « De labor solis », du travail du soleil.

De prime abord

C’est cela dont il est question dans cette rétrospective, de la lumière, de l’Homme, du temps qui passe et qui file entre les doigts. « De Prime Abord », nom donné à cette exposition qui dévoile les prémisses du travail de l’artiste, de 1976 à 1986, ces premiers clichés, dix ans durant à la recherche de son style, qui progressivement s’affine et s’affirme. « De Prime Abord » aussi, peut-être, pour ceux qui, à première vue, ne perçoivent pas la beauté et la poésie que peuvent révéler ces objets triviaux ; ce pan de mur, ces fils électriques, ce morceau de grillage. Comme l’écrit Susan Sontag « l’acuité du photographe vise à trouver de la beauté là où les autres voient de la laideur, ou des choses sans intérêt, ni d’importance ». Ici c’est chose faite. On est porté et bouleversé par ce regard qui parvient à élever ces morceaux de monde, bruts et éphémères, au rang d’icônes.

C’est cela dont il est question dans cette rétrospective, de la lumière, de l’Homme, du temps qui passe et qui file entre les doigts. « De Prime Abord », nom donné à cette exposition qui dévoile les prémisses du travail de l’artiste, de 1976 à 1986, ces premiers clichés, dix ans durant à la recherche de son style, qui progressivement s’affine et s’affirme. « De Prime Abord » aussi, peut-être, pour ceux qui, à première vue, ne perçoivent pas la beauté et la poésie que peuvent révéler ces objets triviaux ; ce pan de mur, ces fils électriques, ce morceau de grillage. Comme l’écrit Susan Sontag « l’acuité du photographe vise à trouver de la beauté là où les autres voient de la laideur, ou des choses sans intérêt, ni d’importance ». Ici c’est chose faite. On est porté et bouleversé par ce regard qui parvient à élever ces morceaux de monde, bruts et éphémères, au rang d’icônes.

"Tout en subtilité, il joue des gris et des grains sur la matière et ce faisant, se joue de nous "

"Tout en subtilité, il joue des gris et des grains sur la matière et ce faisant, se joue de nous "

Car à son œil affuté, vient s’ajouter une très grande maitrise du médium photographique et de la composition. Tout en subtilité, il joue des gris et des grains sur la matière et ce faisant, se joue de nous pour nous confondre entre les différents éléments ; est-ce un bâtiment, un ciel ? Si les contrastes sont ici très subtils, on parvient encore à distinguer les éléments, grâce à un liseré de lumière, une ombre projetée, la trace d’un nuage qui nous guide. Bientôt, le photographe ne sera plus aussi clément, et la frontière entre le réalisme et l’abstraction se fera plus tenue. Ses titres, qui valent qu’on s’y attarde, participent pleinement à ce jeu. Cinq trous sur une façade nue, deviennent « Grande Ourse ». Un nuage surplombant un mur en ruine, « Nez à nez ». Une simple façade nue, « mur rose ». Un rapport minimaliste aux choses, source d’inspiration intarissable qui lui permet de composer des ensembles déconcertants de puissance et de délicatesse. Son obsession, immuable, depuis 40 ans.

Car à son œil affuté, vient s’ajouter une très grande maitrise du médium photographique et de la composition. Tout en subtilité, il joue des gris et des grains sur la matière et ce faisant, se joue de nous pour nous confondre entre les différents éléments ; est-ce un bâtiment, un ciel ? Si les contrastes sont ici très subtils, on parvient encore à distinguer les éléments, grâce à un liseré de lumière, une ombre projetée, la trace d’un nuage qui nous guide. Bientôt, le photographe ne sera plus aussi clément, et la frontière entre le réalisme et l’abstraction se fera plus tenue. Ses titres, qui valent qu’on s’y attarde, participent pleinement à ce jeu. Cinq trous sur une façade nue, deviennent « Grande Ourse ». Un nuage surplombant un mur en ruine, « Nez à nez ». Une simple façade nue, « mur rose ». Un rapport minimaliste aux choses, source d’inspiration intarissable qui lui permet de composer des ensembles déconcertants de puissance et de délicatesse. Son obsession, immuable, depuis 40 ans.

" L’acuité du photographe vise à trouver de la beauté là où les autres voient de la laideur, ou des choses sans intérêt, ni d’importance. "

Susan Sontag

" L’acuité du photographe vise à trouver de la beauté là où les autres voient de la laideur, ou des choses sans intérêt, ni d’importance. "

Susan Sontag

En faisant le choix de montrer la genèse de l’œuvre de Yannick Hedel, la galerie Thierry Bigaignon, nous invite à un voyage spirituel, un retour nécessaire à l’essence des choses, où l’on prend le temps de s’arrêter pour regarder en arrière, et interroger la façon dont nous, Hommes, observons et habitons le monde.

En faisant le choix de montrer la genèse de l’œuvre de Yannick Hedel, la galerie Thierry Bigaignon, nous invite à un voyage spirituel, un retour nécessaire à l’essence des choses, où l’on prend le temps de s’arrêter pour regarder en arrière, et interroger la façon dont nous, Hommes, observons et habitons le monde.